L’Association des Stratégistes en Investissement de Genève (ISAG) consulte les chefs économistes et directeurs des investissements de 19 banques de la Place Financière de Genève pour établir une synthèse économique et financière sur l’évolution macro-financière des 6 à 12 prochains mois.
Les stratégistes de l’Isag se sont réunis pour échanger sur la bonne allocation d’actifs à adopter pour les prochains mois. Quinze spécialistes étaient ainsi rassemblés pour partager leurs convictions.
Sur le front économique, l’activité va poursuivre son ralentissement en 2024. La croissance américaine sera supérieure à celle européenne et restera supérieure à son potentiel. Par conséquent, la désinflation pourrait être moins importante qu’attendue. La possibilité d’un environnement déflationniste a été très peu discutée. Les risques géopolitiques, comme les élections américaines ou les conflits à Taïwan, ont donc été considérés comme de second ordre.
Baisse des taux d’intérêt, un scénario consensuel
Sur le front monétaire, les banques centrales américaines et européennes sont susceptibles de diminuer leurs taux d’intérêt de 75 points de base d’ici à la fin de l’année. Ce scénario est largement consensuel, car il est désormais anticipé sur les marchés financiers. Les divergences étaient plus importantes concernant la Banque nationale suisse, avec deux à trois baisses de taux attendues en 2024 à partir de mars, juin ou septembre. Ainsi, les vues sur l’EUR/CHF étaient variées à 6 mois avec des prévisions entre 0,95 et 1,04. Au-delà de cet horizon, l’ensemble des membres considéraient très probable la poursuite de l’appréciation du franc suisse.
L’attention a surtout été portée sur les politiques budgétaires. Les taux élevés augmentent désormais les charges d’intérêt pour de nombreux pays. Certains spécialistes ont évoqué le fait que la Réserve fédérale américaine (Fed) mènera désormais une politique monétaire qui vise davantage à soutenir le refinancement des dettes fédérales qu’à réagir à la baisse des taux d’inflation. Certains ont surtout jugé que les dettes publiques devenaient désormais insoutenables au sein de nombreux pays et méritaient une discrimination plus importante de la part des investisseurs.
Sélection plus restrictive des obligations, actions surpondérées
Sur les marchés obligataires, les stratégistes continuent d’augmenter la duration. La majorité considère donc que le pic des taux d’intérêt est derrière nous. Le crédit spéculatif est redevenu attractif sous réserve d’une sélection plus restrictive. Les taux élevés protègent les investisseurs contre une éventuelle augmentation des écarts de taux par rapport aux obligations souveraines. Les hybrides ont également été évoqués comme une alternative crédible au vu du rendement rapporté au risque.
Sur les marchés actions, la majorité des stratégistes en investissement restent surpondérés. La performance depuis le début de l’année est expliquée par un faible nombre d’entreprises. Ces dernières sont des valeurs de qualité qui bénéficient de perspectives attractives concernant la croissance de leurs bénéfices, ce qui justifie de maintenir les investissements. Actuellement, la majorité des membres de l’Isag restent investis sur la tendance de l’intelligence artificielle. Par région, au-delà des possibilités en Europe et aux Etats-Unis, les actions japonaises s’avèrent attractives pour jouer cette tendance de long terme, au-delà de l’appréciation attendue du JPY.
Optimisme sur l’or
Au sein des actifs réels, les secteurs immobiliers restent sous la pression des taux élevés aux Etats-Unis et en Europe, mais pas en Suisse. L’optimisme reste important concernant l’or. L’augmentation depuis le début de l’année est justifiée par le caractère défensif de l’actif au sein d’un portefeuille, et par la demande soutenue des banques centrales notamment celles de Chine. Par ailleurs, la poursuite de la désinflation conduira l’année prochaine à une baisse des taux longs américains, ce qui serait aussi favorable à l’or.
L’association des stratégistes de Genève confirme donc le sentiment plus positif des investisseurs mais aussi la nécessité d’être plus sélectif au sein des actions comme des obligations. L’environnement macrofinancier offre désormais des perspectives plus optimistes – ce qui n’était plus arrivé depuis plusieurs années.
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